Conakry, 09 avril 2025 – Il était une fois à la CRIEF, ce lieu mystique où les anciens ministres viennent expier leurs dettes à la Nation en costume trois-pièces. Ce 7 avril, c’est au tour du très docteur Ousmane Kaba, ex-gardien du trésor public, de monter sur scène, accompagné de deux autres compères du gouvernement passé (qui, soit dit en passant, semble s’être transformé en club de retraités judiciaires).
Jusqu’ici, tout allait bien. Le juge écoutait, l’avocate plaidait, les accusés minaudaient. Puis… BOUM ! Coup de tonnerre dans le prétoire. Ousmane Kaba lâche quelques gentillesses verbales en direction de l’avocate adverse, mais la munition dévie et atteint… le président de la chambre, M. Yacouba Conté, en pleine robe !
Le président, pas franchement ravi de servir de cible collatérale, s’offusque. Et là, ambiance : la salle d’audience se transforme en plateau de télé-réalité judiciaire. On n’attendait plus que les cartons rouges et les ralentis dramatiques.
Mais Ousmane, fin stratège, sort son joker préféré du politique en difficulté : le communiqué d’excuses.
Dans un texte digne des meilleurs communiqués de crise de diplomatie de salon, l’ancien ministre jure sur la Constitution, sur la République et même sur les toges que jamais, au grand jamais, il n’a voulu offenser le président.
Il précise, la main sur le cœur et le stylo dans l’autre :
« J’ai une haute considération pour la fonction de magistrat. »
Il reconnaît aussi que « certains mots tenus dans l’énervement sont allés au-delà de ma pensée ». Nous, on pense surtout qu’ils sont sortis plus vite que son avocat n’a pu les rattraper.
Et pour faire bonne mesure, il s’excuse à tout le corps judiciaire. Oui, TOUT. Du président à la greffière, en passant par le stagiaire qui scanne les dossiers.
Moralité ? La justice guinéenne est un théâtre où l’on joue du Molière version pénale. Et Ousmane Kaba, avec ses excuses en grande pompe, signe son acte de contrition comme une star de télé-réalité s’excusant après un clash sur le prime.
Quand un ancien ministre confond la salle d’audience avec un ring de boxe, il finit par offrir des fleurs au juge… par communiqué officiel.