Dadis repart se soigner : Casablanca, la clinique préférée des exilés à longue durée

Casablanca, 13 avril 2025 – On connaît le proverbe : “L’histoire ne se répète jamais, mais parfois, elle bégaie.” Eh bien, accrochez vos ceintures, car Capitaine Moussa Dadis Camara, l’homme aux lunettes sombres et aux souvenirs flous, vient de reprendre un vieux scénario qui nous rappelle étrangement quelque chose.

Selon les informations croustillantes de Mosaiqueguinee.com, « Il est effectivement parti au Maroc pour des soins et il reviendra bientôt. »
Ah ! Bientôt. Ce mot magique, à la fois promesse d’espoir et d’amnésie nationale.

Souvenez-vous. En 2009, on tire sur Dadis. Le chef de la junte prend une balle dans la tête – littéralement – et prend la tangente : direction le Maroc pour “des soins”.
Mais surprise ! Escale imprévue à Ouagadougou, où le capitaine finira par poser ses valises pendant plus d’une décennie. Une retraite forcée ? Un exil doré ? Un oubli organisé ? Allez savoir. Toujours est-il que ce séjour médical avait tout d’un aller sans retour. Ou plutôt : retour… très, très, très différé.

Alors aujourd’hui, quand on nous dit que Dadis est parti “juste pour se soigner”, il y a comme un petit air de déjà-vu dans l’avion.

Le 28 mars dernier, Général Mamadi Doumbouya, dans sa grande mansuétude ou son fin calcul politique (rayez la mention inutile), accorde une grâce présidentielle à Dadis Camara, pourtant condamné à 20 ans de prison pour crimes contre l’humanité dans l’affaire du massacre du 28 septembre 2009.

Motif officiel : l’état de santé. Traduction officieuse (selon certains analystes) : séduction électorale du côté de la Guinée forestière, d’où est originaire l’ancien capitaine. Une manœuvre pas si subtile, selon certains membres de la société civile, qui y voient une tentative d’éparpiller l’indignation façon puzzle électoral.

Pendant que Dadis se fait probablement masser les tempes à Casablanca en attendant son bientôt retour, les familles des 157 victimes du stade de Conakry, elles, attendent autre chose : la justice.
Pas la justice en robe de soie et en vol Air Royal Maroc. Non. La justice ferme, la justice digne, la justice qui dit : « tu peux être malade, mais pas au point d’oublier ce que tu as fait. »

Et elles craignent, à juste titre, que cette “parenthèse médicale” soit en fait le début d’un long chapitre d’oubli organisé– version 2.0 de l’exil burkinabè.

Alors Didis reviendra -t-il? Rien n’est moins sûr. Comme en 2009, on nous promet un retour “imminent”. Mais les experts en “géopolitique du flou” savent que dans la République de la transition perpétuelle, l’imminence est une fable, et l’exil une tradition.