Transition en Guinée: Entre Bah Oury et la CEDEAO, c’est l’amour électoral sans calendrier

Conakry, 15 avril 2025 – Il y a des couples qui fonctionnent sans date de mariage. Et puis il y a Bah Oury et la CEDEAO, liés par un engagement solennel : organiser toutes les élections en 2025. À ceci après que, comme dans toute belle histoire politique à la guinéenne, le calendrier reste une option, pas une obligation.

Ce mardi, la Primature a été le théâtre d’un nouvel épisode de cette saga douce-amère. Le Premier ministre a reçu une délégation de la CEDEAO, venue parler des futures élections. Futur, ici, étant à prendre dans son sens le plus large : quelque part entre l’espoir et l’indéfini.

Bah Oury, tout en sérieux et en gravité républicaine, s’est exprimé sur X :

« J’ai réitéré la volonté ferme du Président de la République d’organiser, en 2025, toutes les élections afin d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel dans notre pays. »

Une phrase pleine de promesses, aussi solide qu’un brouillard bien formulé. “Volonté ferme”. Voilà deux mots qui rassurent, sonnent bien, et surtout… n’engagent à rien de concret. Depuis le début de la transition, cette expression est répétée avec la rigueur d’un mantra. Elle revient à chaque visite diplomatique, chaque interview officielle, chaque communiqué.
C’est devenu le slogan de la transition : « Volonté ferme, mais date molle. »

Le flou, lui, est institutionnalisé. À tel point qu’on pourrait presque créer un ministère du calendrier en sursis.

La CEDEAO, dans sa bienveillance légendaire, propose une table ronde des partenaires financiers. Un beau moment de solidarité, de sourires et de PowerPoint. On y parlera mobilisation des ressources, plans d’appui, “accompagnement technique”… Bref, tout sauf du fameux chronogramme.

Car c’est bien connu : en Guinée, on peut annoncer toutes les élections d’un seul coup, sans en fixer aucune. C’est l’équivalent politique de commander tout le menu d’un restaurant sans préciser l’heure du dîner.

L’échange entre Bah Oury et la CEDEAO s’inscrit dans cette diplomatie feutrée où tout est dit… sans être vraiment précisé. On promet, on assure, on “réitère” avec sérieux — tout en veillant à ne pas livrer le moindre chiffre, la moindre date, la moindre échéance. C’est l’illusion du mouvement dans un couloir circulaire.

Le peuple guinéen, lui, regarde tout cela avec la patience qu’on lui connaît. Il a vu d’autres transitions, d’autres promesses, d’autres “volontés fermes”. Il sait lire entre les lignes. Il sait qu’en Guinée, même l’expression “prochainement” peut durer des années.