Conakry, le 17 Avril 2025 – Après des mois de silence radio – ou de « travail dans l’ombre », comme on dit pour sauver les apparences – l’Alliance Nationale pour l’Alternance Démocratique (ANAD) a finalement émis un son.
Pas un rugissement, mais un murmure assuré. Dans une interview exclusive accordée à PolitikoDrome.com, Rafiou Sow, président du PRP et membre de l’alliance, a levé un coin du voile sur le mystère ANAD. Spoiler : tout va bien, circulez, y’a pas de crise.
Non, l’ANAD n’est pas morte. Elle dort les yeux ouverts Pour ceux qui s’inquiètent de la disparition progressive de l’ANAD des radars médiatiques, Rafiou Sow a une réponse rassurante : « Nous travaillons en silence ». Traduction libre : l’alliance respire encore, mais avec un pouls difficile à capter. Pas de panique donc, la machine politique se mettrait lentement en route. Très lentement.
Et les départs successifs de quelques têtes d’affiche ? Aucun impact, selon M. Sow. L’ANAD serait même renforcée par ces absences. Un peu comme une équipe de foot qui gagne quand ses meilleurs joueurs sont suspendus. Audacieux.
C’est sur le terrain glissant de la transition que Rafiou Sow se montre le plus catégorique :
« Nous ne laisserons pas le CNRD organiser les élections. »
Pourquoi ? Parce que – sans surprise – le CNRD inspire à peu près autant de confiance qu’un bulletin anonyme dans une urne transparente en carton recyclé. Entre le flou artistique sur le fichier électoral, l’absence de Constitution et le transfert de l’organisation électorale au MATD, l’opposition soupçonne une stratégie de glissement plus qu’un plan de sortie.
Et si jamais les autorités de la transition présentent un candidat à la future présidentielle ? Pour l’ANAD, c’est non. Niet. Nada. Circulez.
Rafiou Sow balaie aussi les critiques sur la division de l’opposition. Pour lui, ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est la norme. Comme dans une famille où tout le monde se déteste, mais reste uni pour les photos de mariage. Chaque parti a son programme, ses priorités, ses frustrations – mais au fond, tous rêvent d’élections crédibles.
Quant au cadre de dialogue promis à l’origine par le CNRD, on cherche encore sa version définitive. Rafiou Sow rappelle d’ailleurs qu’à défaut de parole, Alpha Condé offrait au moins un cadre de dialogue – parfois vide, certes, mais existant. Aujourd’hui, c’est le néant. Le silence. L’abîme.
L’interview de Rafiou Sow sonne comme un avertissement… mais sans sirène. L’ANAD n’est peut-être pas en pleine forme, mais elle garde assez de lucidité pour flairer le piège électoral. Et assez d’orgueil pour ne pas laisser le CNRD écrire seul la fin de la transition.
Reste à voir si l’alliance parviendra à transformer ce « travail silencieux » en action audible. Et surtout : si la population, elle, a encore envie d’écouter.
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