Bah Oury fait la promo de la Guinée en Cote d’Ivoire, mais on y retrouve toujours le programme des élections

Abidjan, 11 mai 2025 – Le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah a atterri à Abidjan sous une pluie de sourires et de poignées de main. Accueilli chaleureusement par son homologue ivoirien Robert Beugré Mambé à l’Aéroport Félix Houphouët Boigny, Bah Oury a rapidement pris place sur le podium des grandes occasions.

Ce n’était pas n’importe quel événement : c’était l’Africa CEO Forum, l’occasion rêvée pour vendre la Guinée comme le futur Eldorado économique de l’Afrique de l’Ouest. Mais un petit détail semble avoir échappé aux organisateurs : ce forum est aussi censé être un lieu où l’on parle d’avenir, pas seulement de contrats. Et dans cet avenir, les élections semblent avoir disparu… comme un mirage au loin.

Les deux hommes ont pris soin de vanter l’excellence des relations entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, comme si l’on pouvait résoudre tous les problèmes d’un pays avec une poignée de main et une promesse d’investissements. « La Guinée est prête pour l’investissement », a déclaré Bah Oury, un message clair pour les investisseurs, mais un silence total sur un autre point crucial : les élections.

Le Premier ministre a ensuite mis en avant les « atouts économiques » de la Guinée et son programme de transformation, comme une grande mise en scène où l’économie brille, mais où la démocratie reste dans l’ombre. En effet, à aucun moment le mot « élections » n’a fait surface. C’était comme si la question n’avait jamais existé. On a eu droit à un discours sur les infrastructures, les mines, et les opportunités économiques, mais aucun mot sur la restauration du processus démocratique. Peut-être que les élections sont aussi un « projet à long terme », à l’image de certains contrats miniers.

Lors de son passage à l’ambassade, où il a rencontré la diaspora guinéenne, Bah Oury a une fois de plus vendu une Guinée en pleine transformation. Les Guinéens présents ont été invités à revenir au bercail, mais, encore une fois, l’avenir démocratique du pays est resté suspendu dans les limbes. Le PN-RAVEC, qui devait être la grande révolution électorale, a été présenté comme l’outil ultime pour « l’enrôlement », mais les Guinéens se sont probablement demandés : « Enrôler pour quoi ? »

Le clou de la soirée a été l’appel du Premier ministre à soutenir la politique de développement du pays. Et, bien sûr, un grand moment de solidarité a été exprimé à travers des chants et des prières. Mais si l’on écoute bien, ce n’étaient pas seulement des prières pour un avenir radieux, mais plutôt des prières pour que la démocratie ne reste pas enfermée dans un tiroir à Conakry, à attendre de pouvoir enfin reprendre son envol.

En fin de compte, à l’Africa CEO Forum, la Guinée a été vendue comme une terre d’opportunités économiques, mais pour ce qui est de l’opportunité de revendiquer son droit à choisir ses dirigeants… Eh bien, ce sera pour une autre fois. Les investisseurs sont invités à sauter dans le train en marche, mais il semble que les Guinéens devront encore patienter pour le droit de monter dans celui des urnes.