Duel de légendes au royaume UFDG : Le passé selon Ousmane Gaoual, la vérité selon Souleymane Souza

Entre mémoire flottante et récits arrangés, deux anciens camarades se livrent à une bataille épique pour savoir qui était là… avant l’autre.  

Dernière querelle en date : Ousmane Gaoual Diallo, actuel ministre reconverti en historien de lui-même, affirme sans trembler avoir été « trouvé » au sein de l’UFDG par Cellou Dalein Diallo. Une phrase simple, presque poétique. Sauf qu’elle a fait bondir Souleymane Souza Konaté, gardien autoproclamé des archives du royaume.

Le vaillant Souza, plume trempée dans l’acide, n’a pas tardé à dégainer un communiqué où il démonte pièce par pièce la machine à remonter le temps du ministre. Selon lui, Gaoual n’était nulle part dans les radars de l’UFDG avant… 2013. À cette date, il aurait surgi de Paris comme un candidat providentiel à l’investiture pour sa circonscription natale. Avant cela ? Le vide intersidéral. Pas de militantisme, pas de réunions, pas même une carte du parti. Nada.

Et pourtant, dans cette fresque épique, Ousmane Gaoual jure qu’il militait via un autre petit parti, le PGP, absorbé par l’UFDG en 2008. Une belle pirouette qui rappelle un peu ces héritiers tardifs qui, à la lecture du testament, découvrent qu’ils étaient en fait les fils spirituels du patriarche. Malin. Mais pas assez pour tromper les anciens du royaume.

Car Souza n’est pas seul à brandir les rouleaux sacrés de la mémoire. Des figures historiques comme Bah Oury (désormais Premier ministre), Dr Saliou Bela ou Aïssatou Barry jurent, main sur le cœur (et sur les procès-verbaux), qu’ils n’ont jamais vu un certain Gaoual traîner dans les couloirs de l’UFDG à l’époque où Cellou Dalein prenait les rênes.

Faut-il en conclure que Gaoual est victime d’un trou de mémoire inversé — ce syndrome rare qui pousse à se rappeler de choses qui n’ont pas eu lieu ? Ou alors que Souza joue les inquisiteurs du passé, dans un parti qui sanctifie l’ancienneté comme d’autres vénèrent les reliques ?

Dans cette bataille de prestige, chacun veut inscrire son nom sur la première page de l’histoire. Car en politique guinéenne, être « là depuis le début » est plus qu’un fait : c’est une carte de légitimité, un passe-droit moral, presque un sacrement.

Et pourtant, on pourrait s’interroger : pourquoi se disputer un passé dont les fruits sont, aujourd’hui encore, bien amers ? Pourquoi se battre pour l’antériorité dans un royaume politique où le trône reste désespérément vide ? Peut-être parce que, à défaut de victoire électorale, il faut au moins remporter la guerre des récits.