Le Ministre Alpha Bacar tresse des couronnes à trois Premiers ministres, sans jamais risquer de perdre sa place

Conakry, 11 Mai 2025 – Du méthodique Beavogui au silencieux interrogateur Bah Oury, en passant par le sprinteur Goumou : quand le ministre de l’Enseignement supérieur se mue en critique étoilé des Premiers ministres.

Ce week-end, à l’Assemblée générale de Foutti-Laffidi, Alpha Bacar Barry, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, a troqué sa blouse technocratique contre le costume beaucoup plus subtil de critique d’art gouvernemental. Au menu : un hommage feutré mais très habile aux trois Premiers ministres passés par la Primature depuis 2021. Un exercice d’équilibrisme verbal où chaque mot pèse son gramme de vaseline politique.

Mohamed Beavogui ? Méthodique. Rigoureux. Un homme de plans, d’étapes, de process bien rangés. Bref, un Premier ministre version manuel d’ingénierie : pas très rapide, mais tellement bien structuré qu’on avait presque envie de lui confier un laboratoire. Alpha Bacar salue d’ailleurs cet art du séquençage administratif comme une révélation divine. Il aurait appris que pour atteindre un objectif, il fallait définir les étapes.

Bernard Goumou ? Là, on change de registre : c’est la version turbo du Premier ministre. Rapide, engagé, volontaire. Un homme qui voulait « faire vite et bien, tout de suite ». On l’imagine presque courant dans les couloirs du Conseil interministériel avec un dossier sous chaque bras, criant « Exécution immédiate ! », pendant que les autres cherchaient encore leurs stylos. Le ministre loue son pragmatisme venu du secteur privé, comme pour dire : voilà un homme qui n’attendait pas que l’administration réfléchisse pour agir.

Et puis vient Bah Oury. Plus complexe. Plus feutré. « Il vous challenge intellectuellement », dit Alpha Bacar, avec ce sourire entendu de ceux qui ont survécu à une réunion avec plus de sous-entendus que de décisions. Il vous pousse à vous expliquer, à défendre vos idées, mais sans poser de question. En silence. À mi-chemin entre le philosophe stoïcien et le maître zen. Un style qui consiste à vous faire douter de votre propre existence, juste avec un froncement de sourcil.

Face à ce florilège de portraits, le public reste admiratif : voilà un ministre qui réussit à rendre hommage sans jamais dire quoi que ce soit de réellement tranché. Personne n’est froissé, chacun repart avec son lot de compliments bien emballés. On est dans du velours politique, tissé avec soin : du Barry dans le texte.

Il faut reconnaître un talent rare à Alpha Bacar Barry : celui de faire l’éloge sans tomber dans l’excès, de saluer sans juger, de brosser sans lécher. Dans un contexte gouvernemental où les Premiers ministres se succèdent plus vite que les bulletins météo, c’est une qualité précieuse : savoir rester en poste sans froisser le passé, ni compromettre l’avenir.

Alors oui, peut-être qu’on ne sait toujours pas ce qu’ils ont réellement fait. Mais grâce à Alpha Bacar, on sait au moins comment ils l’ont fait. Ou plutôt, comment on peut en parler, sans jamais s’attirer d’ennuis.