RPG Arc-en-Ciel : congrès bloqué, héritage détourné, militants dégoûtés… et Sayon Mara seul contre tous

Conakry, 12 Mai 2025 – Si le RPG Arc-en-Ciel devait mourir un jour, ce ne serait ni à cause des coups d’État, ni des persécutions d’hier, mais bien des manigances internes d’aujourd’hui. Et franchement, ce serait un beau cas d’école pour Netflix : « Comment saboter un parti en trois réunions WhatsApp et deux refus de congrès. »

Car pendant que l’UFDG et l’UFR dépoussièrent leurs idéaux en organisant leurs congrès, les stratèges du RPG, eux, ont trouvé mieux : refuser toute tentative de relance démocratique, garder les postes restants bien au chaud, et surtout, éviter toute remise en question. Résultat : plus de débats, plus de militants, mais toujours des communiqués en mode “nous consultons la base” (celle de 2010 visiblement).

Dans son texte publié récemment, le camarade Sayon n’y va pas avec des pincettes. Il accuse, dénonce, interpelle, se drape dans sa dignité de militant marqué au fer jaune. Il parle de trahison, de mémoire piétinée, de congrès bloqué, de valeurs bafouées. Il semble porter à lui seul le deuil d’un parti qu’il a vu grandir — et qu’il regarde aujourd’hui s’autodétruire, non pas par accident, mais par obstination délibérée.

Mais soyons honnêtes : à ce stade, le RPG Arc-en-Ciel, c’est un peu comme une série dont on aurait changé tous les acteurs sauf le logo. Il reste les couleurs, quelques anciens communiqués jaunis, deux slogans recyclés… et beaucoup d’amertume. Le congrès ? On en parle comme d’un fantôme. On le promet, on l’évoque, on le reporte… mais surtout, on l’évite soigneusement.

Et pendant que les anciens camarades s’accrochent à leurs sièges comme si c’étaient des héritages familiaux, Sayon Mara, lui, crie à la trahison. On l’avait envoyé au CNT en 2022, puis sommé de démissionner en 2024 parce que la transition aurait “dépassé le délai légal” — une notion souple, à géométrie variable. Mais Sayon n’a pas quitté son poste. Il est resté. Et le voilà maintenant à jouer le rôle du militant sacrifié, dernier rempart contre le silence, sentinelle isolée d’un parti désorienté.

Il faut le dire : dans le grand théâtre politique guinéen, le RPG est en train de jouer une pièce tragi-comique. Un congrès, ce n’est pourtant pas une révolution. C’est juste la base minimale d’un parti qui se respecte. Mais au RPG, certains préfèrent le contrôle à la reconstruction, l’immobilisme à l’espoir, le statu quo à la mémoire collective.

Résultat : les militants claquent la porte, les cadres se taisent, et seuls les plus nostalgiques — comme Sayon — osent encore parler. Le parti qui avait promis le changement finit par se battre pour ne surtout rien changer.

Alors oui, Sayon Mara est sans doute seul. Mais il a le mérite d’avoir allumé une lumière dans le tunnel. Même si les autres, eux, préfèrent l’obscurité confortable du huis clos politique.