Amadou Damaro condamné mais bientôt libre : C’est le retour d’un poids lourd du RPG ?

Conakry, 22 mai 2025 – Il a été l’un des hommes les plus puissants du régime Alpha Condé, président de l’Assemblée nationale, stratège politique et symbole d’un système aujourd’hui jugé. Et pourtant, Amadou Damaro Camara pourrait retrouver la liberté dès septembre prochain.

La Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) vient de réduire sa peine en appel : une condamnation à 3 ans et 6 mois de prison ferme, assortie d’une amende de 5 millions GNF et de 1 milliard GNF de dommages et intérêts.

Arrêté en avril 2022, l’ancien patron de l’hémicycle a déjà purgé l’essentiel de cette peine en détention. Le calcul est simple : à moins d’un nouveau dossier ou d’un coup de théâtre judiciaire, Damaro sera libre dans quelques mois. Et alors ? Que fera cet homme à la fois redouté et respecté dans les couloirs du pouvoir ?

Cette décision tombe dans un contexte où la transition peine à convaincre de son impartialité. Certains voient dans cette libération programmée une stratégie d’apaisement vis-à-vis des anciens du RPG, d’autres y lisent un signal de réhabilitation discrète. Damaro n’a jamais rompu publiquement avec l’ancien parti présidentiel, et ses réseaux restent vivaces, autant à Conakry qu’en province.

Son silence depuis sa mise en détention a été perçu comme un calcul politique : pas d’attaques contre le CNRD, pas de déclarations incendiaires… juste une attente, maîtrisée. Aujourd’hui, il est peut-être à la veille d’un retour en coulisses. Le RPG, fragilisé, mais toujours structuré, pourrait accueillir à bras ouverts celui qu’on surnommait « le patron des tours siamoises de Kakimbo ».

Si la CRIEF a confirmé les faits de détournement de deniers publics et de corruption assimilée, la réduction de peine interroge : la justice est-elle en train de solder les comptes d’un ancien système, ou d’ouvrir discrètement la porte à sa réintégration ?

Le Damaro d’avant était un animal politique. Celui qui sortira en septembre n’aura rien perdu de ses connexions. Et dans une Guinée où l’horizon politique reste flou, son retour n’est pas une hypothèse farfelue, mais une possibilité calculée.