Aliou Bah paie cash avant les élections : purge judiciaire ou pré-campagne militaire?

Conakry, 28 Mai 2025 – La Cour d’appel de Conakry a parlé : 2 ans fermes pour Aliou Bah, leader du MoDeL, pour avoir eu l’audace de parler un peu trop fort dans un pays où la liberté d’expression est conditionnée à un test PCR de loyauté au régime. Le jeune politicien, accusé d’« offense au chef de l’État », découvre ainsi que critiquer Doumbouya, ce n’est pas seulement un risque politique… c’est un délit à purger.

Le parquet voulait 5 ans. La Cour, visiblement sensible au Ramadan passé, s’est montrée « clémente » avec seulement deux. Deux ans pour avoir touché au totem. Deux ans pour avoir pensé tout haut ce que des millions murmurent tout bas. Deux ans pour rappeler qu’en Guinée, l’article de la charte sur la liberté d’expression est désormais rangé dans la vitrine du folklore républicain, à côté de la Déclaration des droits de l’homme… et du projet Simandou.

Depuis le début de la transition, le régime militaire semble prendre au pied de la lettre le concept de « nettoyage du paysage politique ». Aliou Bah, lui, avait oublié de se faire discret. Résultat : la tondeuse judiciaire est passée. Et pas qu’un peu.

Son tort ? Ne pas avoir rejoint la chorale des opportunistes chantant les louanges de la Refondation. Ne pas s’être caché derrière un think tank financé par les ambassades. Ne pas s’être recyclé en consultant en gouvernance post-coup d’État. Bref, ne pas avoir compris qu’en Guinée 2025, la seule opposition tolérée est celle qui s’oppose aux autres opposants.

Officiellement, la condamnation est judiciaire. Officieusement, c’est un coup politique bien huilé. À quelques mois du référendum constitutionnel de septembre et des élections générales promises en décembre, il faut lisser le terrain. Supprimer les candidats encombrants. Éviter les débats. Installer le silence. Ou mieux : l’autocensure.

Pendant ce temps, le RPG est suspendu, les partis s’écharpent pour savoir qui sera le meilleur figurant du prochain scrutin, et la Transition trace sa route vers une élection dont le gagnant pourrait bien être déjà connu, mais pas encore annoncé.

La vraie leçon de cette affaire ? En 2025, ce n’est pas la population qui élimine les candidats… c’est la justice. Et la justice ne rend plus des décisions : elle exécute des consignes.

Aliou Bah paie le prix de son franc-parler, mais il entre dans le club très fermé des opposants certifiés persécutés. Celui qui, demain, pourra peut-être écrire un livre en prison, ou revenir sur scène auréolé du statut de martyr. À moins qu’on ne lui coupe aussi l’encre.