Sidya Touré réélu depuis l’exil avec 94,48 % : l’UFR fait ce que la CENI n’a jamais osé

Il est en exil depuis plus de deux ans, son parti est suspendu, mais il vient de signer un retour en fanfare : Sidya Touré a été réélu à la tête de l’Union des Forces Républicaines (UFR) avec un glorieux 94,48 % des voix, sans même poser un pied à Matam. Qui dit mieux ? Même la CENI aurait reculé devant une telle audace.

Le congrès extraordinaire de l’UFR s’est tenu ce vendredi 30 mai 2025 au siège du parti à Conakry. Deux candidats étaient officiellement en lice : Sidya Touré, toujours localisé quelque part entre Paris et les souvenirs de 2010, et Abdoulaye Baïlo Diallo, fédéral de Hafia, propulsé dans le rôle classique de challenger de service. Sur les 336 congressistes inscrits, 292 ont voté. Résultat final : 274 voix pour Sidya Touré, 16 pour son adversaire, et 2 bulletins probablement trop libres pour être comptabilisés. Avec 94,48 % des suffrages, l’opposant historique conserve donc les rênes de son parti… sans jamais les avoir lâchées.

Une performance électorale quasi divine pour un leader en exil, à la tête d’un parti suspendu. Mais qu’importe : à l’UFR, la démocratie fonctionne mieux à distance. Pas besoin d’hologramme ni de retour officiel au bercail : ici, l’autorité se télécharge, le leadership s’actualise en ligne, et les votes s’expriment dans une ambiance de discipline quasi militaire. “Congrès transparent”, selon les organisateurs. “Victoire légitime”, selon les partisans. “Coup de maître”, selon les cyniques.

Le message est clair : l’UFR est debout, organisé, et prêt à reprendre sa place dans l’échiquier politique, suspension ou pas. Le congrès envoie aussi un signal appuyé au ministère de l’Administration du territoire : “Nous existons, nous votons, alors dé-suspendez-nous.” Reste à savoir si cette démonstration suffira à convaincre une administration aussi imprévisible qu’un remaniement ministériel un lundi matin.

Une chose est sûre : Sidya Touré vient de réussir un exploit digne des meilleures traditions guinéennes — être réélu massivement sans se déplacer, avec une opposition symbolique et un score que même certains régimes autoritaires n’oseraient plus afficher. À ce rythme, le retour physique n’est même plus nécessaire. La politique guinéenne entre dans l’ère du télé-leadership.