Conakry 09 Avril 2025 – Le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD) a enfin levé le voile sur le modèle électoral guinéen version 2025 : une démocratie sous cloche, gérée en cuisine par l’État, pendant que le peuple regarde à travers la vitre… sans rien toucher.
Zenab Touré, directrice des affaires politiques au MATD, l’a annoncé sans trembler :
« C’est le MATD, à titre transitoire, qui va organiser le scrutin. Mais ne vous inquiétez pas, il y aura un observatoire pour regarder pendant qu’on travaille. »
Autrement dit : le gouvernement est juge, arbitre, joueur… et ramasseur de balles. Mais rassurez-vous, un petit groupe de spectateurs, probablement armés de carnets et de stylos, pourra jeter un œil sur la partie. À bonne distance. En silence.
Alors que partout dans le monde, les élections sont organisées par des commissions électorales indépendantes (oui, le mot « indépendant » a encore un sens ailleurs), la Guinée innove : ici, c’est le ministère chargé des collectivités qui organise les élections collectivement… mais sans collectivité.
« À titre transitoire », nous dit-on. Une formule désormais aussi durable qu’un rond-point en chantier à Conakry.
On pensait que le MATD préparait le terrain. En fait, il s’est réservé tout le terrain, les ballons, les maillots et l’arbitre.
L’observatoire électoral promis ? Un espace d’observation sans action. Une sorte de Netflix politique : vous regardez, vous analysez, vous soupirez… mais vous ne pouvez rien faire.
« On vous a vus, les gars. Continuez. Très belle manipulation. Bonne ambiance. Jolie fraude, si je peux me permettre. C’est noté. »
Le MATD, dans sa grande sagesse, semble avoir découvert la recette secrète d’un scrutin 100 % maison, sans additifs démocratiques. On appelle ça un plat électoral préparé par le chef, servi à table, sans qu’on vous laisse lire le menu.
Et gare à celui qui critique la cuisson : il sera accusé de ne pas comprendre les « enjeux de la transition ».