L’ancien secrétaire général de la jeunesse du RPG Arc-en-ciel, M’Bany Sangaré, a officiellement tourné la page de son ancien parti pour soutenir le CNRD. Une décision qui n’inquiète pas outre mesure les responsables du RPG, à en croire Marc Yombouno, cadre du parti. Dans cet entretien exclusif accordé à www.Politikodrome.com, il partage son analyse.
Politikodrome.com : M. Marc Yombouno, bonsoir.
Marc Yombouno : Bonsoir.
L’ancien secrétaire général de la jeunesse du RPG AEC, M’Bany Sangaré, vient d’annoncer son ralliement au CNRD. Quelle est votre réaction ?
Marc Yombouno : Il n’y a pas grand-chose à commenter. C’est son choix. Depuis le changement de régime, il ne fréquentait plus le siège du parti. Donc, s’il confirme aujourd’hui qu’il n’est plus avec nous, cela ne nous surprend pas. C’est sa décision.
PolitikoDrome.com : Êtes-vous déçu de son départ ?
Marc Yombouno : Oui, on peut parler de déception. C’est toujours regrettable de voir quelqu’un qui a occupé une fonction importante dans le parti se comporter ainsi. Cela dit, il faut préciser qu’il n’était plus secrétaire général de la jeunesse du RPG, contrairement à ce que certains affirment. Il avait déjà été remplacé.
Ce départ crée-t-il un vide au sein du RPG Arc-en-ciel ?
Marc Yombouno : Non, cela ne crée aucun vide. Comme je vous l’ai dit, il n’occupait plus cette fonction depuis un moment. Depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, il ne participait plus aux activités du parti. On ignorait même ses motivations.
Quel message adressez-vous à vos militants dans ce contexte ?
Marc Yombouno : Nous leur demandons de rester sereins. Ceux qui croient réellement aux idéaux du parti resteront avec nous. C’est une période difficile. Depuis le coup d’État, certains militants ont perdu leur emploi, d’autres ont leurs comptes bancaires bloqués. C’est une réalité très dure pour de nombreuses familles. Si certains cèdent à la tentation de l’argent, qu’on leur propose ailleurs, c’est leur choix. Mais au RPG, nous ne misons pas sur l’argent, nous misons sur la conviction. Ce que nous regrettons surtout, c’est que le CNRD, que nous ne considérions pas comme un parti politique, adopte désormais une démarche clairement politique. C’est incompréhensible.
Peut-on dire que le RPG Arc-en-ciel traverse une période difficile ?
Marc Yombouno : Tous les partis politiques vivent des moments difficiles. Vous avez entendu que les élections ne seront plus organisées par un organe composé d’acteurs socio-politiques, mais uniquement par le MATD. Les partis ne sont associés à rien. Ceux qui prétendent être satisfaits sont souvent ceux qui n’ont jamais participé à une élection. Les grands partis comme le RPG, l’UFDG ou l’UFR, qui aspirent réellement à exercer le pouvoir par les urnes, rencontrent de vraies difficultés.
Quelle est votre lecture du processus du PN-RAVEC en cours ?
Marc Yombouno : On nous dit qu’il s’agit de l’identification personnelle des citoyens. En ce sens, chaque citoyen doit se faire recenser. Nous ne voyons pas cela comme une démarche politique, tant que c’est pour l’identification. C’est pourquoi nous avons appelé tous nos militants et militantes à se faire recenser. Toutefois, le fait qu’une partie de cette base de données soit extraite pour constituer une liste électorale, sans impliquer les partis, soulève des interrogations.
Merci beaucoup M. Yombouno pour cet échange.
Marc Yombouno : C’est moi qui vous remercie. Merci vraiment.
CONTEXTE: Le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel) est l’ancien parti au pouvoir en Guinée, dirigé autrefois par le président Alpha Condé, renversé lors du coup d’État militaire du 5 septembre 2021. Depuis cette date, le pays est dirigé par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), une junte militaire présidée par le colonel Mamadi Doumbouya.
Depuis le coup d’État, le RPG est passé dans l’opposition. Plusieurs de ses cadres ont vu leurs activités restreintes, leurs comptes bancaires gelés, ou ont été écartés de la vie publique. De nombreux militants estiment que la transition politique manque de transparence, notamment sur l’organisation des élections et le rôle des partis politiques.
Le départ de M’Bany Sangaré, ancien leader de la jeunesse du RPG, pour rejoindre le CNRD, intervient donc dans un contexte tendu. Ce ralliement soulève des questions sur les motivations des cadres politiques en cette période de transition et sur la posture du CNRD, de plus en plus perçue comme politique malgré ses promesses initiales.