CONAKRY 11 Avril 2025 – Au RPG Arc-en-ciel, les défections ne choquent plus — elles s’archivent. Le départ annoncé (en grande pompe pour certains, en chuchotement pour d’autres) de M’Bany Sangaré, ancien patron de la jeunesse du parti, pour rejoindre le CNRD, n’a visiblement pas causé de séisme dans les rangs. Tout au plus, un soupir collectif. Et encore, étouffé dans un coussin de résignation.
« Ce n’est pas une surprise. Il ne venait plus au siège depuis longtemps », a déclaré Marc Yombouno, avec la ferveur d’un planton lisant une notice de micro-ondes.
C’est dire si le RPG commence à s’habituer au phénomène. La transhumance politique semble être devenue un sport de loisir. Ici, on ne démissionne plus, on « glisse doucement » vers un autre camp. Un jour vous êtes leader de la jeunesse du RPG, le lendemain vous êtes dans un salon feutré du CNRD.
Marc Yombouno, fidèle à son style, ne mâche pas ses sous-entendus : si certains quittent le RPG, ce n’est pas pour des idées, mais pour des virements.
« Ceux qui cèdent à la tentation de l’argent… c’est leur choix. Mais nous, nous misons sur la conviction »,lâche-t-il, la main sur le cœur et l’autre sur un relevé bancaire bloqué.
Comprenez : au RPG, on n’a plus de postes à distribuer, mais on garde la dignité au frigo pour les grandes occasions. Le reste, c’est une question de foi. Ou de tolérance à la précarité.
Car depuis le 5 septembre 2021, la vie au RPG ressemble à un long tunnel sans lumière, avec des comptes bancaires gelés comme les ambitions, et des militants qui se chauffent à l’espoir.
Ce qui pique le plus, c’est que le CNRD, ex-junte militaire autoproclamée non-politique, commence à ressembler à un parti… en mieux organisé. Pour un mouvement qui refusait de « faire de la politique », ils semblent très à l’aise pour vider discrètement les formations concurrentes comme on vide un frigo après coupure de courant.
« C’est incompréhensible que le CNRD, que nous ne considérions pas comme un parti politique, adopte une démarche politique », déplore Yombouno, probablement entre deux appels de militants en reconversion accélérée.
Le CNRD devient ainsi une sorte de Uber de la politique guinéenne : on y entre quand on veut, on repart avec un poste ou une promesse, et on paie… en silence.
Mais que reste-t-il aujourd’hui du RPG ? Une structure en convalescence, une base qui se bat entre frustration et fidélité, et des cadres qui font les valises en pleine nuit.
Marc Yombouno appelle à la patience, à la mobilisation, à la foi. Bref, à tout sauf à une solution concrète.
« Les grands partis comme le nôtre font face à de vraies difficultés », concède-t-il.
Même le PN-RAVEC, censé n’être qu’un recensement technique, est vu avec suspicion : “On recense pour l’identification, mais on extrait pour les élections, sans nous consulter”.
En clair : on installe les règles du jeu pendant que vous regardez le ballon.
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