Conakry, 16 Avril 2025 – Un nouveau-né vient de pousser son cri dans la jungle politique guinéenne. Il ne pleure pas encore, mais il parle déjà très fort… de valeurs. Son nom ? Guinée Intègre (G.I.). Une appellation ambitieuse, dans un pays où l’intégrité est souvent aussi introuvable qu’une brosse à dents dans une réunion de l’Assemblée nationale.
À sa tête, Dr Mandiouf Mauro Sidibé, gynécologue de formation et ancien candidat à la présidentielle de 2020 sous la bannière de l’AFC. Le revoilà, bistouri rangé et costume repassé, avec une nouvelle structure politique « de rupture ». Comme tous les autres avant lui.
Mais celui-là se veut désintéressé. Enfin… à une condition : verser 5 000 GNF pour adhérer au rêve. L’intégrité, certes, mais tarifée. Parce que même la vertu a besoin d’un peu de trésorerie.
Première surprise : le siège du parti est basé à Kankan. Oui, Kankan. Pas Kaloum, ni Lambanyi, encore moins Kipé. Un acte politique fort ? Une fuite stratégique ? Un clin d’œil à une base régionale bien ciblée ?
En tout cas, c’est une première. Une sorte de diplomatie de la géographie, qui pourrait aussi bien dire : « nous sommes proches du peuple », que « nous sommes loin de la compétition ».
Guinée Intègre se présente comme un parti participatif, sans culte de la personnalité, où chaque membre est un acteur. L’idée ? Construire ensemble un projet politique propre, sans collusion, sans arrière-pensée. Un parti comme une coopérative morale.
Mais en Guinée, on connaît la rengaine. Chaque cycle électoral accouche d’un mouvement « citoyen », « intègre », « républicain », qui finit dans le giron du pouvoir ou sur la touche. Et G.I devra faire plus que de jolis slogans pour échapper à cette routine politicienne.
Le parti entend « nettoyer » la politique guinéenne. Rien que ça. Mais avec quoi ? Un coton-tige ? Un siège à Kankan suffit-il à laver la conscience nationale ?
Face à des décennies de clientélisme, de doubles discours et d’amnésies stratégiques, l’aspirateur de G.I risque de se boucher rapidement.